La légende de la louve et des deux amants - Conte de Tradition Orale

Il faut savoir que la ville de Lyon en France est située au confluent de deux cours d’eau : le Rhône et la Saône et que cela explique sûrement le destin remarquable de la ville au cours des siècles.

De simple bourgade gauloise, la ville est devenue une capitale romaine prospère. Plus tard, Lyon a fait partie de l'empire germanique jusqu'à sa réunion à la France en 1312, pour connaître, à la Renaissance une activité florissante. En effet, ses foires, créées au XVème siècle, ont eu un grand succès, et son industrie de la soie l’ont rendue très célèbre.

On s’en doute, des histoires de toute sorte y ont germé ; en voici une parmi tant d’autres.

On la racontait autrefois dans les familles. Si bien, qu’elle devait sûrement être vraie. C’était, comme on dit… Il y a bien longtemps.

Si longtemps que les aïeux des aïeux n’en avaient eu que ouï-dire. L’histoire s’est passée lors d’un hiver des plus rigoureux. Une louve affamée en était venue à passer sur le dos gelé du Rhône pour entrer dans Lyon. Elle avait grand faim, les longs et terribles froids ayant réduit à néant sa pitance, si bien qu’elle avait été forcée d’arpenter les rues de la ville en quête de quelques proie.

Le malheur avait voulu que pour assouvir sa faim elle dévore un enfant dans un passage étroit et sombre. Le carnage avait été si effroyable que l’endroit porte encore aujourd’hui le nom sinistre de « Gorge de loup »..

Les Lyonnais, ivres de douleur, d’avoir perdu l’enfant, avaient pourchassé lors d’une battue acharnée la bête infâme qui fuyait à travers les « traboules » mystérieuses et les rues tortueuses de la ville. Dans sa terrible fuite, l’ignoble animal avait fait la rencontre de deux amants cachés, obligés qu’ils étaient de dissimuler leur amour aux regards des citadins car certains, des jaloux sans doute, les disaient frères et sœur.

La rage de la louve était telle qu’elle les avait égorgé tous les deux embrassés qu’ils étaient sur cette pointe de terre là où le Rhône et la Saône se promettent l’un à l’autre.

Le monstre était encore à sa vile besogne lorsque les habitants l’avaient débusqué.

Les pelles, les bâtons et les fourches s’étaient levés et abattus sur l’animal.

Et pour bien se prouver que ce n’était pas une bête démoniaque que plusieurs croyaient mais bien un simple animal, on rapporte que la louve avait été écorchée et que sa dépouille ainsi grattée avait été exposée en un lieu appelé « Grataloup »,

Telle est la légende qu’on rapporte encore aujourd’hui sous les toits de la ville de Lyon.