Le cheval géant - Conte de Adolphe Orain wiki

Le père Boursin, charretier, était autrefois au service d’un nommé Hervé qui habitait le village de la Rivière-Bizé, dans la commune de Bruz.

Ce serviteur, un matin de novembre, alla chercher pour les conduire au travail, les trois chevaux de son maître qui avaient passé la nuit dans une pâture. Arrivé à l’échalier du champ, Boursin vit les trois chevaux qui l’attendaient. Il les attacha les uns aux autres par la queue, et monta sur le premier qui avait l’habitude de le porter.

« Je ne croyais pas ce cheval si grand », pensa-t-il en lui-même, car il lui avait fallu grimper sur le haut de la barrière pour pouvoir enfourcher la bête.

La pluie était tombée les jours précédents, et dans le chemin creux qu’ils suivaient pour rentrer au village, les chevaux avaient de l’eau jusqu’au poitrail. Tout à coup, au beau milieu de la mare, le cheval que montait Boursin lui fondit entre les jambes, et le charretier tomba dans l’eau.

Ce fut avec beaucoup de peine que le bonhomme s’arracha du bourbier. Qu’on juge de sa surprise et de sa frayeur, lorsqu’il vit un petit nain assis sur le revers du talus, qui lui dit en ricanant :

« Ah ! ah ! t’es ben là,
Dépatouille-ta ! »

Boursin chercha ses chevaux, et n’en trouva plus que deux qu’il amena à son maître en lui contant son aventure.

Ce dernier alarmé par la perte de son cheval, dit à son domestique : « N’as-tu pas rêvé ? Retournons ensemble dans la pâture voir ce qu’est devenue la bête. »

Ils s’y rendirent et aperçurent le cheval qui paissait tranquillement dans un coin du champ.

Hervé plaisanta son charretier qui lui jura ses grands dieux, qu’il avait monté un cheval géant qui l’avait jeté dans la mare.

(Conté par Fine Daniel, fermière au village du Houx, dans la commune de Bruz.)