Un héron vivant au bord d’un étang était devenu vieux ; et, comme il n’avait plus la force d’attraper les poissons, il réfléchit à quelle ruse il aurait recours pour vivre.
Il dit un jour aux poissons :
— Eh ! vous, poissons, savez-vous le malheur qui vous menace ? J’ai entendu dire aux hommes qu’ils allaient vider l’étang et vous mettre à la poêle. Je connais bien un autre étang derrière la montagne, et je voudrais bien vous y transporter, mais je suis si vieux qu’il m’est difficile de vous aider.
Les poissons prièrent le héron de ne point les abandonner.
— Soit ! dit le héron, je vais me dévouer pour vous ; je vous porterai l’un après l’autre, car je ne pourrais vous porter tous à la fois.
Les poissons se réjouirent, et c’était à celui qui passerait le premier.
— Porte-moi ! porte-moi ! s’écriaient-ils.
Et le héron commença le transport.
Il prend un poisson, l’emporte dans le champ voisin, et le croque.
Il en mangea ainsi une grande quantité.
Dans ce même temps-là, vivait une vieille écrevisse. Quand elle vit le héron emporter le fretin, elle comprit la ruse et lui dit :
— Eh bien, mon héron, veux-tu m’emmener à la crémaillère ? Le héron saisit l’écrevisse et l’emporta.
Arrivé dans le champ, le héron voulut poser l’écrevisse ; mais celle-ci, apercevant les arêtes des poissons sur la terre, serra de ses pinces le cou du héron et l’étrangla.
Puis, elle revint à la rivière et raconta tout aux poissons.