Le tableau de la Rivière-Ouelle - Conte de Henry-Raymond Casgrain wiki

Missionnaire

Êtes-vous jamais entré dans la vieille église de la Rivière-Ouelle ?

Dans une des chapelles latérales, on voit un ex-voto déposé là, il y a bien des années, par un étranger arraché miraculeusement à la mort.

C’est un tableau bien vieux, bien poudreux, sans grande valeur artistique, mais qui rappelle une touchante histoire.

Je l’ai apprise, bien jeune encore, sur les genoux de ma mère, et elle est restée gravée dans ma mémoire aussi fraîche que si je venais de l’entendre.

* * *

C’était, oh ! il y a bien longtemps, par une froide soirée d’hiver ; la neige fouettait les vitres; la bise glaciale pleurait parmi les branches éplorées des grandes ormes du jardin ; il faisait une poudrerie affreuse.

Toute la famille était réunie au salon. Notre mère assise au piano, après avoir essayé quelques airs, laissait errer au hasard ses doigts distraits sur le clavier. Sa pensée n’y était plus.

Un nuage de mélancolie passait sur son front.

« Mes enfants, nous dit-elle enfin après un instant de silence, vous voyez comme le temps est mauvais ce soir. Combien de malheureux vont avoir à souffrir du froid et de la faim ! Vous devez bien remercier le bon Dieu de vous avoir donné une bonne nourriture et un lit bien chaud pour dormir.

« Nous allons dire le chapelet pour les pauvres et les voyageurs qui vont être exposés à bien des dangers pendant cette nuit.

« Tenez, si vous voulez être bien sages et bien prier le bon Dieu, je vous raconterai une belle histoire. »

Oh ! comme nous avions hâte que le chapelet fût fini !

L’imagination est si vive, l’âme est si sensible aux impressions, à cette âge naïf.

Crépuscule doré de la vie, l’enfance en possède tous les charmes. Revêtant tous les objets d’ombre et de mystère, elle leur donne une poésie inconnue aux autres âges.

Réunis autour de notre mère, près du poêle qui répandait, dans tout l’appartement, une délicieuse chaleur, nous écoutions, dans un religieux silence, sa voix douce et tendre. Il me semble l’entendre encore.

Écoutons ensemble ce qu’elle nous racontait :

* * *

Vers le milieu du siècle dernier, un missionnaire, accompagné de quelques sauvages, remontait la rive sud du fleuve Saint-Laurent, à une trentaine de lieues au-dessous de Québec.

Le missionnaire était un de ces intrépides pionniers de la foi et de la civilisation dont les sublimes figures se détachent sur la nuit des temps, entourées d’une auréole de gloire et d’immortalité.

Cloués sur le Golgotha pendant les jours de leur sanglant pèlerinage, ils brillent aujourd’hui transfigurés sur un nouveau Thabor et l’éclat qui jaillit de leur face éclaire le présent et se projette jusque dans l’avenir.

À leurs noms seuls, les peuples, saisis d’étonnement et de respect, inclinent la tête ; car ces noms réveillent tout ce que le courage a de plus surhumain, la foi de plus admirable, le dévouement de plus sublime.

* * *

Celui que nous suivons en ce moment est un de ces illustres enfants de la Compagnie de Jésus, dont la vie tout entière fut consacrée à la conversion des sauvages du Canada.

Sa taille peu élevée, ses épaules voûtées, sa barbe que les fatigues ont blanchie avant le temps, ses traits pâles et amaigris par les austérités, semblent indiquer qu’il n’est pas fait pour une vie aussi dure. Mais cette frêle enveloppe cache une de ces grandes âmes qui puisent dans l’énergie de leur volonté une force sans cesse renaissante.

Son large front chauve témoigne d’une vaste intelligence, et ses regards, que l’habitude de la méditation tient presque toujours abaissés, sont empreints d’une sorte de naïveté timide et d’une incomparable douceur.

Les derniers vestiges d’un mélancolique sourire errent sans cesse sur ses lèvres.

En un mot, toute sa figure semble entourée de ce nimbe mystique dont la sainteté illumine les âmes prédestinées.

À quelques pas devant lui s’avance le chef de la petite troupe.

C’est un vieux guerrier indien, converti depuis longtemps au christianisme par le saint missionnaire et devenu dès lors le compagnon fidèle de toutes ses courses aventureuses.

* * *

Les voyageurs s’avançaient lentement en raquettes sur une neige épaisse et mouvante.

Il faisait une de ces superbes nuits de décembre que l’année qui finit semble semer sur ses pas pour saluer l’année qui va naître et dont la merveilleuse splendeur est inconnue aux peuples du midi.

Sur l’azur foncé du ciel, d’innombrables étoiles versent en larmes d’argent leur fraîche lumière. On dirait les pleurs d’allégresse que l’éclat du Soleil de Justice arrache aux yeux éblouis des bienheureux.

La lune gravit les diverses constellations et s’amuse à contempler dans le miroir des neiges son disque resplendissant.

Vers le nord, des gerbes lumineuses s’élancent d’un nuage obscur qui flotte à l’horizon.

L’aurore boréale s’annonce d’abord par quelques jets de flamme pâle et blanchâtre qui lèchent lentement la surface cérulée du ciel ; mais bientôt la scène s’anime ; les couleurs deviennent plus vives ; la lumière s’élargit, s’arrondit en arc autour du nuage opaque, et revêt les formes les plus diverses.

On voit paraître tour à tour de longs écheveaux de soie blanche, de gracieuses plumes de cygne, ou des faisceaux de fil d’or et d’argent ; voici une troupe de blancs fantômes aux robes diaphanes qui exécutent une danse fantastique ; maintenant c’est un riche éventail de satin dont le sommet touche au zénith et dont les rebords sont baignés de teintes roses et safranées ; enfin c’est un orgue immense, aux tuyaux de nacre et d’ivoire, qui n’attend plus qu’un céleste musicien pour entonner l’hosanna sublime de la nature au Créateur.

Le pétillement étrange, qui accompagne le brillant phénomène, ressemble aux soupirs qui s’échappent des tuyaux d’orgue gonflés par un puissant soufflet et complète l’illusion : c’est le prélude du divin concert qu’il n’est pas donné à des oreilles mortelles d’entendre.

* * *

Le spectacle qui, sur la terre, s’offre aux regards n’a pas moins de charmes, dans sa sauvage beauté, que celui du ciel.

L’atmosphère sèche et froide n’est agitée par aucun souffle.

On n’entend que les ronflements sourds et monotones du fleuve géant, endormi sous une couche de glaçons épars et flottants sur ses eaux noires, semblables à la peau tachetée d’un immense léopard.

Une vapeur blanche et légère s’en élève, comme le souffle qui jaillit des narines du monstre marin.

Au nord, se dessinent les crêtes bleues des Laurentides, depuis le cap Tourmente jusqu’à l’embouchure du Saguenay.

Au sud, s’allongent les dernières racines des Alléganys, couvertes de pins, d’épinettes, de sapins et de grandes érablières.

Presque tout le littoral était aussi ombragé de forêts ; car, à l’époque reculée que nous décrivons, on ne voyait sur ces rives ni ces vastes défrichements couverts d’abondantes moissons, ni ces jolies maisons blanchies à la chaux et groupées en villages le long du fleuve d’une manière si coquette, qu’on dirait des bandes de cygnes endormis sur la berge.

Une mer de forêts s’étendait sur tous ces rivages.

Quelques petits groupes de maisons s’élevaient çà et là ; mais voilà tout.


Apparition

Nos voyageurs s’avançaient donc en silence, au milieu du bois, lorsque tout à coup le chef de la petite troupe s’arrêta et fit, en même temps, signe de la main à ses compagnons d’en faire autant.

– Tu te trompes, camarade, lui dit le missionnaire ; ce bruit que tu viens d’entendre, c’est celui d’un arbre qui se fend à la gelée.

L’Indien se tourna lentement vers lui ; un sourire imperceptible passa sur sa figure.

– Mon frère, dit-il à voix basse, si tu me voyais prendre ta parole sainte1 et vouloir y lire, tu te moquerais de moi ; moi, je ne veux point me moquer de toi, car tu es une Robe-Noire ; mais je te dirai que tu ne connais pas les voix des bois, et que ce bruit que tu viens d’entendre est bien celui d’une voix humaine.

Suivez-moi de loin pendant que je vais aller voir ce qui se passe là-bas.

* * *

Les voyageurs marchèrent quelque temps sans rien apercevoir.

Le Père commençait à croire qu’il ne s’était pas trompé, lorsqu’arrivé à une clairière, il vit l’Indien s’arrêter tout à coup.

Quel fut son étonnement lorsqu’en suivant la direction des regards du Sauvage, il aperçut, à l’autre extrémité de la clairière, une lumière extraordinaire se détachant sur l’obscurité des arbres.

Au milieu de ce globe lumineux apparaissait, soulevé au-dessus du sol, une sorte de fantôme aux formes vagues et indécises.

Avant que le missionnaire eût pu rien distinguer, l’apparition s’évanouit.

Alors un autre spectacle, que l’éclat de cette étrange vision l’avait empêché d’apercevoir, s’offrit à sa vue.

Un jeune homme, vêtu d’un uniforme militaire, était agenouillé au pied d’un arbre. Les mains jointes et les regards tournés vers le ciel, il semblait absorbé par la contemplation d’un objet mystérieux et invisible.

Deux cadavres, qu’à leurs vêtements on reconnaissait facilement pour des militaires, gisaient, à ses côtés, sur la neige.

L’un d’eux, vieillard à cheveux blancs, était adossé au tronc d’un érable et tenait encore entre ses mains un livre prêt à lui échapper.

Sa tête était appuyée sur son épaule droite, et toute sa figure avait cette teinte grise, cendrée de la mort, qui annonce que déjà le cercueil la réclame.

Un cercle bleuâtre entourait ses yeux à demi-fermés, et une dernière larme s’était figée sur sa joue livide.

Mais, malgré ces ravages de la mort, cette figure n’était pas horrible à voir, car les derniers vestiges d’un sourire erraient encore sur ses lèvres et indiquaient que l’espoir suprême, que la foi seule peut inspirer, avait consolé sa dernière heure.2

* * *

Au grincement de la neige sous les pas des voyageurs, le militaire, qui se tenait à genoux, se détourna tout à coup.

– Mon père ! mon père ! s’écria-t-il en se précipitant vers le missionnaire, c’est la Providence qui vous amène ici pour me sauver.

J’allais partager le funeste sort de mes infortunés compagnons lorsqu’un prodige !... un miracle !...

Suffoqué par ses larmes et ses sanglots, il ne put en dire davantage ; mais, se jetant dans les bras du missionnaire, il le pressait contre son coeur et le couvrait de ses baisers.

– Calmez-vous, mon fils, lui dit le vieillard... Dans l’état de faiblesse et d’épuisement où vous êtes, une trop grande émotion pourrait vous être fatale...

Le vieillard n’avait pas encore achevé ces paroles, qu’il sentit la tête du jeune homme peser plus lourde sur son épaule et tout son corps s’affaisser... Il venait de s’évanouir.

Les voyageurs s’empressèrent de lui prodiguer tous les soins qu’exigeait sa position.

Ses deux compagnons, hélas ! n’avaient plus besoin de secours sur la terre.

Les Sauvages leur creusèrent une fosse dans la neige et le saint missionnaire, après avoir récité quelques prières sur leurs cadavres, traça, avec un couteau, une grande croix sur l’écorce de l’érable au pied duquel ils avaient rendu leur dernier soupir.

Simple, mais sublime monument d’espoir et d’amour, destiné à protéger leurs dépouilles mortelles.






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